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La gatita Frida
21 mai 2009

Soan, quand tu nous saoules...

yellowCard_1_Pour faire court, les White Stripes, les gamins de la maternelle du coin de la rue nous en font bouffer à longueur de récrés (POOOA POA POA POA….). Paradoxalement, quand on a découvert ce choix ô combien audacieux et original du public d’M6 mardi soir, on s’est regardé et on s’est spontanément dit pourquoi pas ?,  il y a moyen d’en faire quelque chose de sympa. Bon, soyons honnêtes, dès qu’on a vu arriver Soan sur scène, on a anticipé le pire. A sa mine assombrie, on a tout de suite senti que ça allait être plutôt tendu.

Par un jeu de miroir pervers, je trouve que la société, les médias, nous renvoient trop souvent l’image du français moyen, écervelé, assumant pleinement ses pires défauts, s’en glorifiant, s’auto-congratulant, quitte à ériger ses propres manquements au rang de qualités, ériger l’immoral au rang de vertu. Pour autant, je suis de ceux qui pensent qu’on peut porter un regard lucide sur soi-même, sans s’enorgueillir outre mesure de succomber aux programmes de la 6 (doux euphémisme), mais sans non plus avoir à en rougir : la nouvelle star (les soirs où c’est pas trop nul), on a vu pire comme vice. Tout ça pour dire que si nous-mêmes, en tant que spectateurs, avons souvent l’impression de ne pas être à notre place quand on nous sert les niaiseries collégiales estampillées star’ac, le pauvre Soan, au cœur de l’implacable rouleau-compresseur M6, a du se faire violence plus d’une fois, pour ne pas tout envoyer valser en claquant la porte.

C’est en tout cas l’impression qui ressortait de cette reprise de Seven nation army, ou plus précisément de sa mise en scène. En ce qui concerne l’interprétation proprement dite, on ne savait plus trop quoi penser : la déferlante d’artifices nous avait donné la nausée. Sur un titre qu’il n’avait pas l’air de particulièrement affectionner, la pression du cadre nouvelle star aidant, mais sans que ce soit pour autant conscient, Soan semblait avoir tout bonnement cherché à se saborder. Avec 2-3 minutes de recul, on était plutôt de l’avis de Saint-Philippe-Maneuvre, car la version était somme toute honorable. Mais portés par une forme d’empathie inexplicable, on se laissait peu à peu gagner par la tristesse du regard de Soan découvrant les bons points attribués par un jury trop clément. On finissait par regretter avec lui ; regretter que personne à part Sinclair ne puisse lui dire à quel point, sur le jeu, sur la posture, sur l’imposture… il avait été mauvais.

Soan semble quelqu’un de trop réfléchi, de trop lucide, pour ne pas avoir saisi l’ironie et les limites d’une starification qui uniformise le sublime et la médiocrité. Il semble légitime qu’il aspire à une représentativité autre que celle proposée par l’étiquette étriquée octroyée par M6, qu’il ait pour dessein immédiat de pouvoir s’émanciper du carcan-téléréalité, et  qu’un de ces quatre il remette ça et pète vraiment un câble en direct. Il serait néanmoins dommage que l’image soit floutée, que le relief qu’il a su jusque-là donner à son personnage perde de sa superbe. Pour être tout à fait honnêtes, si la ménagère et les jeunes filles en fleur ont du mal à adhérer au Soan qui provoque par dépit, joue de la gratte avec le pied, ou singe les déhanchements pathétiques d’un mec bourré…nous aussi. En revanche, et je pense qu’on n’est pas les seuls, on adore Soan qui se met en danger sur l’interprétation et non l’apparat : Soan qui reprend Sid Vicious, qui s’attaque à Gainsbourg, qui chante Brel…, Soan qui chante Frida.

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