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Le mec est beau, a du talent, semble se livrer sans retenue, avec un phrasé, un sens du texte, et une intelligence des mots hors pair. Propose à chaque émission une interprétation inédite des titres, nourrie d’arrangements toujours en prise directe avec une intentionnalité fine, cohérente, sans détour, et une démarche artistique qui se veut ouvertement multiple. …le tout sans jamais tomber dans la caricature ou le pathétique vernis qu’offraient certains beuglards schizophrènes les saisons précédentes.

Au moment où le programme a du mal à rebondir, manque de s’essouffler férocement, et là où certains peinent à s’émanciper du lourd héritage du candidat-Julien-Doré, Soan assume pleinement ce legs, en en faisant paradoxalement abstraction. Sans chercher à singer ou à surclasser celui qui a donné ses lettres de noblesse au programme, ni même à déconstruire une mythologie maintenant intimement lié au patrimoine nouvelle star, il impose aux caméras la réalité d’un univers propre, homogène et complexe, auquel s’adjoint une richesse de proposition étayée par un large éventail de possibles (un large éventail de surprises !).

C’est par ailleurs ce que revendique Soan-interprète, et ce qui a pu l’ériger de droit, dès les premiers directs, au rang d’artiste à part entière. Abstraction faite de Doré, seul Benjamin Siksou (opus 2008), avec notamment sa version de Madame rêve (une pensée pour Bashung), avait su être dans la proposition d’une démarche artistique s’extirpant des carcans imposés par le concept même du programme : une émission de reprises. Cette disette souligne la nécessaire difficulté d’outrepasser la comparaison, qu’elle soit bonne ou mauvaise, pour s’inscrire en faux avec la duplicité que pourrait impliquer l’exercice de reprise ; et faire que la création proposée accède à une existence propre, intemporelle, asservie du creuset originel. C’est ce que réussit pour l’instant Soan avec brio, qui plus est sur le long terme, en jouant des codes pour assoir un peu plus sa démarche direct après direct, quitte à faire des appels du pied à Tim Burton et Johnny Depp, ou à reléguer avec humour le complaisant Julien Doré au rang de saltimbanque faire-valoir. [Alabama song]

On peut donc comprendre que face au vécu et à l’intégrité de Soan-candidat, à l’immanence de cette proposition artistique transparente, sans véritable fausse-note puisque sincère, les autres lauréats potentiels aient parfois du mal à s’absoudre du rôle d’interprète qui leur est dévolu, et fassent, à l’exception de la jeune Camélia-Jordana, plutôt figure d’aspirants…

GOOD NEWS… Tim Burton et Jim Jarmusch ont appelé, ils sont open pour donner un petit rôle à l’ami Soan au cas où ça tournerait au vinaigre et qu’il n’aille pas en finale du télé-crochet… La régie nouvelle star vous informe que vous pouvez gentiment voter pour les mièvreries insipides des canons formatés M6, vous laisser tranquillement berner par la provoc’ arrogante d’un pseudo-lover à lunettes piqué au vif et s’écoutant chanter (je suis de mauvaise foi... je t'adore trop Damien), ou plus raisonnablement succomber au charme suave des mélodies entonnées par la non moins délicate Camélia-Jordana… personne n’est dupe, tout le monde a vu que le type était génialement doué, et que de toute façon au bout de 3 prime il avait déjà tout gagné.

Star sans strass: l'éclosion de Soan

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